Depuis des siècles, les femmes apprennent à inhiber leurs désirs pour correspondre à des attendus comportementaux et esthétiques. Cette manière de se percevoir, socialement induite, entrave l’accès à leurs envies physiologiques. Comment peuvent-elles s’en libérer ?

Des normes patriarcales pesantes

Désir féminin : peut-il y avoir une sexualité sans amourLes clichés ont la vie dure ! Les femmes auraient besoin d’aimer pour faire l’amour, et les hommes de faire l’amour pour aimer. Ici, le désir féminin subit encore le poids d’un interdit patriarcal socialement construit dans lequel il est réduit à portion congrue : il faudrait être attentive à son partenaire et le satisfaire avant de penser à soi.

Ce serait donc par amour, plus que par désir et fantasme, qu’une femme aurait des rapports sexuels… Au nom de l’amour, certaines femmes « s’autorisent à désirer », refoulant ce qu’elles craignent de pulsionnel et d’animal en elles. Cette vision du désir est pourtant très réductrice, et profondément dépendante du désir de l’autre.

Curieusement, lorsqu’une femme (soi-disant sans ambition sexuelle) se montre infidèle, elle est considérée à la fois comme « désirante et amoureuse ». Pourtant, dans la même situation, son partenaire arguerait que « cette histoire ne compte pas » et serait compris plus facilement. Ici, les femmes sont injustement perçues comme plus fautives que leurs homologues masculins !

Distinguer les envies physiques de l’envie de reconnaissance

Beaucoup de femmes se préoccupent plus de leur apparence que de leur corps. Perdre du poids, se coiffer, se maquiller, bien s’habiller : toutes ces implications les éloignent de la recherche du désir. Comme si leur plaisir était lié à ce que pensent les autres. En intériorisant le regard d’autrui, ces femmes se déconnectent de leur corps et de ce qu’il ressent.

Cet objectif de perfection en amène certaines à consolider l’image narcissique de leur moi. Elles peuvent alors éprouver de la satisfaction si elles se montrent à la hauteur de cette ambition. Mais cela n’apporte aucun bénéfice d’un point de vue physiologique.

La part de l’amour dans la sexualité

Pourtant il n’existe pourtant aucune règle naturelle : aimer, c’est avoir envie de l’autre. Dans un sens neurobiologique, nous développons même des hormones d’attachement via le sexe.

Aimer une personne et faire l’amour avec elle est synonyme de désir. Faire l’amour sans aimer est plus un moyen de se débarrasser d’une tension. Un plaisir physique dénué d’amour qui, lorsqu’il survient, nous gêne et nous donne envie de fuir pour éviter tout sentiment d’attachement.

L’état amoureux naît d’abord du désir, du fantasme, du mystère et d’une curiosité de l’autre. Si on rajoute le sexe en plus, alors ces liens d’attachement perdureront au-delà de l’acte sexuel.

L’amour est aussi cette curieuse idée de connaître l’autre parfaitement au nom de ce sentiment, de se sentir en sécurité à la perspective du coït.

Stop à la culpabilité du désir féminin !

Désir féminin : peut-il y avoir une sexualité sans amourQui a dit que le désir féminin devait se réduire à un objectif altruiste tourné vers l’autre ?

Des siècles de préceptes éducatifs d’inspiration patriarcale sont pourtant à déconstruire ! Dès leur plus jeune âge, les femmes ont appris à contrôler leur apparence et pensent pouvoir tirer une forme de reconnaissance de cette maîtrise. Leur quête de plaisir est dépendante du regard de l’autre et court-circuitée par cette envie de « bien faire ».

Mais le désir n’est pas quelque chose de coupable ! D’une certaine manière, les magazines féminins multiplient les conseils pour « se faire du bien » alors que ça n’a pas forcément de sens. C’est à chacune de s’interroger intimement sans attendre de voir ses réactions formatées par des injonctions sociales.

Cette conception du devoir-être bride le plein accès à leurs désirs alors que la plupart des hommes parviennent à s’en libérer plus facilement.

Apprendre à se connaître et avoir confiance en soi

La recherche du désir passe par une déconstruction des attendus sociaux qui pèsent inconsciemment sur nous. Car, même si elle appartient à l’intime, la sexualité reste un domaine privilégié pour les injonctions de toute sorte.

En matière sexuelle, l’essentiel est d’avoir confiance en vous, en vos principes de vie et de vous y tenir. Or, on le sait, une sexualité épanouissante sur le long terme requiert de la confiance, de la complicité, et du temps pour déconstruire certains préjugés.

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