« Évite de coucher le premier soir », « Attention, tu vas trop vite ! », ces injonctions pèsent sans cesse sur les femmes et nourrissent le préjugé selon lequel elles n’auraient pas le droit d’assouvir leurs besoins physiologiques comme les hommes.
Une norme sociale qui pèse d’abord sur les femmes
Un homme qui s’appliquerait une telle règle de conduite serait perçu comme bridé dans l’expression de sa virilité alors que, dans la même situation, une femme devrait maîtriser ses élans en attendant d’être sûre d’aimer son ou sa partenaire. Si l’on suit cette logique patriarcale, une femme devrait placer le sentiment amoureux au premier rang, avant d’imaginer une sexualité que celui-ci viendrait sublimer.
Sans nier l’implication du sentiment amoureux dans bon nombre de rapports sexuels, celles qui donnent libre cours à leur excitation sont taxées de filles légères alors que dans une relation conjugale leur comportement serait perçu comme normal.
On leur fait moins le procès d’une sexualité impulsive que celui d’une sexualité hors relation, sans encombre et sans grands enjeux relationnels et affectifs.
Ce genre d’a priori pèse encore sur de nombreuses femmes, comme si leur plaisir était lié à ce que pensent les autres. En intériorisant le regard d’autrui, ces femmes finissent par se déconnecter de leur corps et de ce qu’elles ressentent.
À l’inverse, le discours actuel promeut la spontanéité sexuelle et met de côté celles qui ne seraient pas dans une recherche égoïste du plaisir. Il faudrait prouver son aptitude à la sexualité et suivre ses pulsions.
Comment parvient-on à se détacher de ces injonctions contradictoires ?
Une peur de souffrir ou d’être utilisée
En réalité, prendre son temps ou donner libre cours à son excitation importe peu. Il n’existe pas de durée idéale avant un rapport sexuel. Ce qui est en jeu, finalement, c’est nous-mêmes. On a peur de souffrir de nos actes, d’être déçues, de ne plus avoir de nouvelles, etc.
Parfois, la qualité d’une relation s’établit sur la durée, avec une confiance réciproque qui s’étale sur le long terme. En refusant de coucher dès le premier soir, on éprouve le désir plus fortement (la frustration aide) et on laisse place à la découverte de l’autre.
Mais la sexualité n’est pas l’objet d’un nouvel examen : difficile d’y aller avec mesure quand on envie de lâcher les chevaux ! Et, de toute façon, il vaut mieux tabler sur plusieurs soirs successifs pour apprendre à connaître quelqu’un sur le plan sexuel.
Ainsi, imaginer que l’histoire relationnelle de deux individus ne se définit que sur le temps long, c’est une façon de nier ce qui fait l’intérêt et la beauté des élans intuitifs. Ce serait réduire ces personnes à des êtres tout à fait rationnels, capables de mettre de côté leurs émotions et leurs ressentis pour privilégier la relation. Mais cherche-t-on forcément cela ?
Peut-on faire l’amour sans aimer ?
Aimer une personne et faire l’amour avec elle est synonyme de désir. Faire l’amour sans aimer est plus un moyen de se débarrasser d’une tension. Un plaisir physique dénué d’amour, qui nous gêne et qui nous donne envie de fuir pour éviter tout sentiment d’attachement.
L’état amoureux naît d’abord du désir, du fantasme, du mystère et d’une curiosité de l’autre. D’un point de vue physiologique, si on ajoute l’étape sexuelle, alors ces liens d’attachement auront plus de chances de perdurer longtemps.
Car l’amour est aussi cette curieuse idée de connaître l’autre parfaitement au nom de ce sentiment et de se sentir en sécurité à la perspective du coït.
Apprendre à se connaître et avoir confiance en soi
La recherche du désir passe par une déconstruction des attendus sociaux qui pèsent inconsciemment sur nous. Car, même si elle appartient à l’intime, la sexualité reste un domaine privilégié pour les injonctions de toute sorte.
En matière sexuelle, l’essentiel est d’avoir confiance en vous, en vos principes de vie et de vous y tenir. Or, on le sait, une sexualité épanouissante sur le long terme requiert de la confiance, de la complicité, et du temps pour déconstruire certains préjugés.
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