Parfois instable et difficile à prévoir, l’orgasme féminin est plus complexe à saisir que la jouissance masculine. Paramètres physiques, émotionnels, estime de soi, confiance en l’autre, invitation au lâcher-prise. Que sait-on aujourd’hui sur l’orgasme féminin et la manière dont il s’atteint ?
L’estime de soi et la désacralisation du corps des femmes
L’orgasme féminin est relativement imprévisible, son rythme n’est pas fixe et il peut disparaître au moment même où on pensait l’atteindre. Côté masculin, les hommes ont tendance à se reposer sur leur désir, et peut-être un peu moins sur leur plaisir.
L’estime de soi est centrale en ce qui concerne l’accès à l’orgasme féminin. En matière de sexualité, cela passe par la confiance en son corps et en l’image qu’il renvoie.
Ce n’est pas une question de corps parfait. D’ailleurs, cette obsession récurrente créée plus de soucis qu’autre chose (conflit intérieur, dépendance au regard de l’autre, contrôle de son image, difficulté de se montrer nue).
Affirmons-le haut et fort : la forme du corps, des seins ou encore des cuisses n’a rien à voir avec la faculté de recevoir ou de donner du plaisir.
La confiance en soi, c’est s’éloigner de la vision culpabilisante qui a pesé sur le corps et la sexualité des femmes pendant des siècles, autant que du diktat de la jouissance qui prédomine de nos jours.
Cette impression de sérénité pour soi amène à penser l’orgasme en-dehors de la notion trompeuse de performance. C’est d’abord une question de rythme personnel, de comprendre que le plaisir du partenaire n’est pas forcément dépendant du vôtre. Et l’orgasme est l’expression naturelle d’une jouissance qui n’appartient qu’à vous.
Rien n’oblige à faire « comme les autres », surtout si cela ne vous convient pas ! À dire vrai, c’est même tout à fait inutile si cela vous empêche d’explorer votre plaisir par vous-même.
Comment aborder la notion de plaisir ?
Le plaisir, chez de nombreuses femmes, peut susciter des inquiétudes. D’un point de vue psychique, par exemple, la pénétration n’est pas anodine du tout. Envie ou peur du pénis, beaucoup alternent entre ces deux sentiments.
Le plaisir est certes attendu, et parfois revendiqué, mais il peut être inquiétant car certaines femmes peuvent avoir peur de l’envahissement et de leur capacité à accueillir le sexe de l’homme.
De même, une certaine appréhension peut entourer la « petite mort », ce moment où l’on est submergée par l’orgasme. En fait, il s’agit de suivre cette petite voix qui vous guide vers l’orgasme, y compris si elle vous amène à dire des choses qui vous surprennent. Oubliez « ce que devrait être une femme » ou comment elle « devrait » jouir, et laissez-vous aller à vos envies.
Cela ne signifie pas forcément que l’orgasme n’est qu’un question psychique. Sur ce point précis, la théorie formulée par les sexologues américains Masters et Johnson dans les années 70 (selon laquelle 90 % des orgasmes féminins sont d’origine psychique) est aujourd’hui tout à fait relativisée. On ne peut pas plus mettre sur le compte de la psychologie.
La confiance et la communication, les deux alliés d’une sexualité décomplexée
Une condition importante pour atteindre un orgasme, c’est la confiance. En matière de sexualité, votre partenaire a le pouvoir extraordinaire de vous inhiber ou de vous libérer. En fait, le bon partenaire est celui qui ne vous met pas en danger. Connecté à son désir et au vôtre, il n’a pas de vision préconçue et laisse libre cours à l’expérimentation commune. Dans cette relation, rien n’est dégradant, ridicule ou répétitif. Tout n’est que découverte.
La confiance en l’autre c’est aussi un moyen de s’extraire des normes imposées (« tous les hommes adorent la fellation »). Le plaisir n’est jamais là où les lieux communs l’attendent.
Qu’est-ce que j’aime ? De quoi ai-je envie ? Comment l’aborder simplement avec l’autre ? Ce sont les seules et uniques questions pertinentes.
Quelle place pour les fantasmes ?
Les fantasmes alimentent le désir. Les plus fréquents sont ceux qui s’inscrivent dans des rapports de domination/soumission. Loin du masochisme, ces fantasmes permettent surtout de se dire « je ne suis responsable en rien du plaisir que je prends, je subis le désir de l’autre ». Des fantasmes à la forme « archaïque » qui entretiendraient des liens déformés avec la sexualité infantile, quand le désir de l’enfant se dirigeait vers son père ou sa mère, personnages dont il dépend et à qui il doit obéir.
Nos fantasmes les plus intimes ne révèlent pas toujours une bonne image de nous. À l’inverse des individus pervers qui ont besoin de le mettre en acte pour jouir, les gens « normaux » se contentent de leurs rêveries érotiques solitaires ou partagées.
L’orgasme est inattendu et, rassurez-vous, et il faut parfois accepter de ne pas l’atteindre. Le sexe est un jeu ludique, fait de découvertes, de hauts et de bas. Il est donc préférable de ne pas se fixer de but, afin de laisser s’exprimer cette part de nous qui nous échappe.
L’orgasme clitoridien et l’orgasme vaginal
Ces deux formes d’orgasmes font écho à des situations fantasmatiques différentes. S’ils sont bien différents, il ne faut pas croire non plus que l’un est plus adulte que l’autre.
L’orgasme vaginal se distingue en ce qu’il demande un consentement au don de soi et l’expérimentation d’une « passivité active ». Seulement un tiers des femmes accéderait à l’orgasme vaginal.
L’orgasme clitoridien renvoie à une perception phallique et active (symboliquement, le clitoris équivaut au pénis). Un orgasme rapide, libérateur, qui s’inscrit dans un registre pulsionnel. Toutes les femmes parviennent à obtenir un orgasme clitoridien, ne serait-ce qu’en se masturbant. Par ailleurs, le clitoris peut également être stimulé simultanément à la pénétration vaginale.
Apprendre à se connaître et avoir confiance en soi
En matière sexuelle, l’essentiel est d’avoir confiance en vous, en vos principes de vie et de vous y tenir. Cela étant dit, même si elle est profondément intime, la sexualité reste encore un domaine privilégié pour les injonctions de toute sorte.
Comme on l’a vu, une sexualité épanouissante sur le long terme requiert pourtant du temps, un peu de recul vis à vis des normes sociales, de la confiance et de la complicité.
Si vous pensez avoir des troubles de la sexualité ou que vous souhaitez simplement interroger un professionnel, Sexologika met à disposition sa plateforme de téléconsultation avec un sexologue. Une solution simple et rapide pour accéder à des sexologues qualifiés qui pourront vous apporter des éléments de réponse.
Laisser un commentaire