Est-il possible d’avoir autant de sentiments et de désir pour deux personnes à la fois ? À l’heure où l’on parle davantage de polyamour, est-on à l’aube d’une nouvelle dimension affective ou face à une pratique vouée à l’échec ?
Déconstruire la monogamie ?
Pour beaucoup de personnes, la morale réprouve encore le fait d’aimer deux personnes en même temps.
La dualité « j’aime / j’aime pas » provient d’une tendance manichéenne à choisir. Mais en réalité, le concept d’amour peut s’étalonner en de nombreuses nuances (« je t’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout »).
Aujourd’hui, nos sociétés occidentales colportent encore le rêve d’une monogamie heureuse et épanouie. Une seule personne venant combler tout ce que nous attendons de l’amour.
Certains suggèrent même que c’est un moyen de recréer le modèle de base : le lien mère-enfant. Car la sexualité se construit au stade fœtal et avoir un mari ou une épouse c’est un symbole de la mère, un lien dont nous ne sommes jamais satisfaits puisque nous ne l’avons pas choisi. Aimer deux individus à la fois peut constituer une façon d’éviter une projection de la mère sur la personne aimée.
Le polyamour ne fonctionne pas non plus si le couple originel est trop fusionnel. Car celui ou celle qui voudrait entretenir une liaison tierce porterait une part de culpabilité. Et s’il choisit de cacher cette relation, on retrouve le trio à la Jules et Jim (le couple légitime et l’amant·e), dans lequel les deux relations amoureuses sont cantonnées au non-dit. Ce modèle ne dure jamais très longtemps…
À l’inverse, bien vivre cette situation suppose de parler avec le partenaire officiel de sa sexualité et de son amour. Pas toujours évident car on ne met pas toujours des mots sur sa sexualité, et on se contente de la ressentir physiquement. Mais il n’y a qu’en parlant qu’on peut savoir ce qu’il se passe dans notre tête et dans notre corps.
Pour faire bien, l’idéal serait de prévenir son partenaire après avoir fait la rencontre d’une tierce personne. On hésite parfois, de crainte de voir l’autre se comparer et se dévaloriser.
Tout dépend de la maturité de ce partenaire : s’il n’est pas suffisamment construit à l’intérieur, il risque de se sentir dévalorisé et de souffrir de cette situation.
Peut-on aimer deux personnes à la fois ?
Cela dépend d’abord du contexte. Quand on est pris dans le tourbillon d’un grand amour, aimer quelqu’un d’autre semble tout à fait inconcevable. À l’inverse, lorsque l’amour tiédit, c’est le moment le plus propice pour se sentir attiré par une autre personne.
Sur le plan temporel, il est donc possible d’aimer deux personnes pendant un certain temps. Le problème, c’est que suivant les circonstances cela peut demander énormément d’énergie et entraîner des complications si les choses ne sont pas claires pour tout le monde.
Aimer profondément deux personnes suppose de leur apporter le maximum d’énergie. Un accompagnement doublé au quotidien, qui demande du temps et de la présence auprès de deux personnes. Mais est-ce seulement possible ?
Dit autrement, à un moment donné cela risque de devenir trop dur à assumer et cette situation peut affecter chaque membre du trio (relation cachée, souffrance, insatisfaction).
Le polyamour : une attitude capricieuse et égoïste ?
Aimer deux personnes, n’est-ce pas une chose qui arrive à celles et ceux qui ne veulent rien se refuser ?
Car quand on aime deux personnes, on a avec chacune d’entre elle une sexualité différente. Et c’est cette différence qui rend les choses intéressantes
Tandis beaucoup d’hommes ont longtemps entretenu ce type de relations, aujourd’hui davantage de femmes s’y retrouvent également. La preuve que leur abstinence résultait jusqu’ici de leur situation sociale et historique, et non d’une raison biologique.
Vivons libres et épanouis !
Il ne faut pas culpabiliser quand votre trajectoire de vie ne correspond pas à la norme sociale, y compris si la majorité des gens affichent de la réprobation ou ne comprennent pas.
Aimer deux personnes à la fois est tout à fait possible, l’essentiel étant de s’y retrouver et d’éviter que quelqu’un souffre. Cela suppose donc de s’expliquer et d’être clair.
Car restons lucides, peu de couples qui durent de connaîtront pas l’adultère. Le vrai défi est plutôt de savoir comment le gérer au sein du couple.
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