La sexualité masculine… bien plus qu’une simple mécanique

Bien que la sexualité ne représente pas une fonction physiologique vitale comme la faim ou la soif, elle est pourtant ressentie comme primordiale pour beaucoup. Selon l’OMS, la qualité de vie sexuelle fait partie intégrante de la qualité de vie en générale.

Néanmoins, encore trop d’hommes souffrant de difficultés sexuelles sont dans la gêne, la honte, le silence, l’isolement et la souffrance et ne consultent pas ou tardent à le faire. Un trouble sexuel, quel qu’il soit, entraîne une véritable souffrance chez l’homme due à une perte de confiance en soi, une mésestime de soi, des sentiments de dévalorisation pouvant conduire à une baisse significative de la qualité de vie sexuelle et de la santé en général, voire des états dépressifs.

Ajoutés à cela des conséquences chez la partenaire qui menacent l’équilibre du couple jusqu’à conduire à une rupture. Lorsque l’on sait que l’activité sexuelle ne s’éteint pas avec l’âge, il est important de maintenir une qualité de vie sexuelle équilibrée et épanouie en ayant recours parfois à des spécialistes de la sexualité humaine.

Derrière chaque homme qui vient consulter, il y a la souffrance d’un humain, d’un couple et d’une histoire qui se brise parfois. Et lorsque l’on voit ces couples, un fossé affectif et émotionnel s’est parfois déjà creusé.

Les principales difficultés sexuelles rencontrées chez les hommes en consultation sont :

1 – Troubles de l’éjaculation

L’éjaculation précoce est de loin la plainte la plus fréquente et concernerait un homme sur trois.

Selon les critères de l’International Society of Sexual Medicine Standards (ISSMS), l’éjaculation survient toujours, ou presque toujours, avant ou au cours de la 1ère minute de pénétration intra-vaginale (ou dans le cas de caresses génitales ou de fellation), avec l’impossibilité de différer, toujours ou presque, l’éjaculation et des conséquences négatives telles que de la détresse, de la frustration et un évitement de l’intimité sexuelle.

L’éjaculation étant un réflexe, ce n’est donc pas une question de volonté mais un défaut de gestion de l’excitation et du plaisir.

Plus l’homme sent poindre son éjaculation, plus il va se crisper et se contracter ce qui va accélérer le réflexe éjaculatoire. Notons qu’un périnée faible peut entraîner une impossibilité de contrôle de l’éjaculation et même parfois une éjaculation précoce.

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Sexualité masculine

Consulter en cas de souffrance permettra de distinguer si elle est primaire (depuis le début de la vie sexuelle, pour toutes les relations et avec toutes les partenaires) ou secondaire (après une vie sexuelle à latence éjaculatoire normale ce qui peut être associé à une dysfonction érectile, un stress, un événement de vie ou encore une cause organique).

Dans sa forme la plus sévère il y a l’éjaculation avant même une pénétration qu’on appelle ante portas (devant la porte). D’autres variantes existent comme l’éjaculation rétrograde (qui remonte dans la vessie), l’éjaculation retardée ou l’absence d’éjaculation (anéjaculation).

N’oublions pas que l’homme est programmé génétiquement pour éjaculer rapidement et la question de l’éjaculation précoce a été abordée à partir du moment où l’on s’est intéressé au plaisir de la femme.

L’éjaculation rapide étant un défaut d’apprentissage ou un trouble du comportement, l’accompagnement thérapeutique sera du type cognitivo-comportemental et consistera à apprendre à cet homme trop rapide à mieux gérer, ou en tous cas gérer différemment, ses réactions corporelles, ses émotions (généralement un homme anxieux) et les montées de son excitation par des exercices.

Un traitement pharmacologique, sur prescription médicale, pourra aussi lui être proposé ainsi que des conseils sexologiques pour le couple comme par exemple certaines positions à éviter car favorisant une éjaculation rapide.

2 – Les troubles de l’érection

Selon le manuel de référence de l’Association américaine de psychiatrie, le DSM-IV-R, c’est l’incapacité persistante ou répétée à atteindre ou à maintenir une érection suffisante jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel. La perturbation est à l’origine d’une souffrance marquée ou de difficultés interpersonnelles. La dysfonction érectile n’est pas mieux expliquée par un autre trouble et n’est pas due exclusivement aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale générale.

Une durée minimale de 3 mois est communément admise pour asseoir le diagnostic.

Ce trouble touche une proportion importante d’homme et est souvent associé à des comorbidités ou en révéler comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité, une pathologie cardio vasculaire, un syndrome anxio-dépressif, des troubles mictionnels du bas appareil urinaire qui peut révéler une hypertrophie bénigne de la prostate…

Il augmente en fréquence et en sévérité avec l’âge.

Ne pas oublier qu’il n’existe pas un homme qui ne connaîtra pas une « panne » ou plusieurs dans sa vie sexuelle sans que cela ne soit considéré comme un trouble.

Mais dans un contexte de dictature de la performance dans laquelle obtenir une érection ferme est la condition indispensable à une sexualité épanouie, une dysfonction érectile apparaît pour l’homme comme une remise en cause de sa masculinité, sa virilité.

Cela conduit à de la frustration, de la honte, de la culpabilité de ne pas y arriver, une baisse de l’estime de soi, de la dévalorisation voire conduire à un état dépressif.

Quant à la partenaire, elle peut se montrer compréhensive au début puis peu à peu manifester sa frustration et son mécontentement par de l’agressivité, pensant que son compagnon ne l’aime plus, ne la désire, plus, peut-être à cause d’une relation extraconjugale.

Un cercle vicieux d’anxiété de performance s’installe car l’homme qui se focalise sur son érection n’est plus dans le jeu érotique.

L’érection est un phénomène neuro- physiologique complexe qui nécessite que tous les systèmes hormonaux, vasculaire, artériels et veineux soient fonctionnels. C’est une commande involontaire qui dépend en grande partie de l’état émotionnel de l’homme.

Consulter permet d’évaluer si le trouble est d’origine organique ou psychogène et de rechercher les éventuelles interactions avec un traitement médical.

L’interrogatoire doit aussi évaluer la présence ou l’absence d’autres troubles sexuels type trouble du désir, de l’éjaculation, de douleurs à l’érection, lors de l’éjaculation, d’anomalies morphologiques réelles type déviation de la verge due à une maladie de Lapeyronie ou une mauvaise perception de la taille de son pénis.

Consulter permet enfin de caractériser le type de dysfonction érectile en se demandant si elle est primaire (depuis le début de la vie sexuelle) ou secondaire (après un fonctionnement normal), d’apparition brutale ou progressive, chronique ou intermittente, permanente ou situationnelle, si une érection est possible lors de la masturbation, si les érections spontanées du matin et de la nuit sont conservées.

Il existe un large panel de médicaments sexo-actifs oraux de première intention (IPDE5) permettant d’augmenter et de prolonger la relaxation musculaire favorisant une réponse érectile dans un contexte de stimulation sexuelle adéquat. Le succès commercial du Viagra témoigne bien de l’importance de la question de la puissance chez l’homme.

Il est important d’associer à ces traitements du symptôme une éducation à une sexualité compensatoire, non plus centrée sur la seule obtention d’une érection, mais sur la sensualité et la tendresse afin d’éloigner le patient de son symptôme et de restaurer une communication dans le couple.

Se souvenir qu’une prescription visant à réduire seulement le symptôme sans explication ni conseil a des risques d’échouer.

Permettre à un homme de retrouver une érection de qualité lui permet de reprendre confiance en lui et vaut pour tous les antidépresseurs.

Il est important d’inclure la partenaire dont le rôle est indispensable dans le déclenchement ou le maintien d’une érection car cette dysfonction peut être relationnelle.

3 – Les troubles du désir

Le désir sexuel, phénomène multifactoriel complexe et fragile, est au cœur de la relation sexuelle.

Le DSM-IV-R, définit la baisse du désir sexuel comme une « déficience (ou absence) persistante ou répétée de fantaisies imaginatives d’ordre sexuel et de désir d’activités sexuelles. La perturbation est à l’origine d’une souffrance marquée ou de difficultés interpersonnelles. La dysfonction sexuelle n’est pas mieux expliquée par un autre trouble et n’est pas due exclusivement aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale générale ».

Autrement dit, c’est une diminution ou une disparition de l’intérêt pour les activités sexuelles.

Notons toutefois que l’absence de désir n’est pas toujours synonyme de dysfonction.

Plusieurs variables influencent le désir au rang desquelles on trouve les cognitions, la dimension comportementale et sexuelle, la dimension émotive, biologique et physiologique, environnementale, interpersonnelle et relationnelle.

Les causes peuvent être hormonales notamment dans le cas d’un déficit en testostérone dont la production diminue avec l’âge. L’un des principaux critères pour en faire le diagnostic est l’absence d’érections spontanées nocturnes et matinales.

La baisse de désir peut être aussi causée par une maladie chronique ou provenir d’interactions avec la prise de certains médicaments.

L’absence de désir peut résulter d’un mode excitatoire et d’un imaginaire érotique pauvre, mais aussi d’un dysfonctionnement relationnel dans le couple.

Enfin, il peut être la conséquence d’une orientation sexuelle contrariée.

Dans tous les cas, un désir sexuel hypo-actif conduit généralement à un processus d’évitement.

Jannick Achour