Les organes du plaisir

Ou encore les glands organes du plaisir ! Pourquoi parler de glands me direz-vous… et bien parce que c’est l’automne et en tant que sexologue, il m’est aisé de faire un lien avec l’anatomie des organes sexuels.

Et lorsque l’on évoque le gland, on pense en général à la seule extrémité de la verge. Or, il existe aussi un gland chez la femme et c’est la partie externe de son clitoris.

Car tout comme le pénis, le clitoris est un organe érectile qui, lors de l’excitation et de la stimulation sexuelles, se gorge de sang, augmente de volume, se tend, se raidit et se découvre.

Mais clitoris et pénis présentent tous deux de nombreuses similitudes car sont de même origine embryonnaire et constitués des mêmes structures avec des corps caverneux, spongieux et une albuginée. Ils sont tous deux sous contrôle du système nerveux autonome avec la participation des systèmes nerveux sympathique et parasympathique pour le mécanisme de l’érection.

En effet, les glands du clitoris et du pénis sont recouverts d’un prépuce à l’état flaccide et se découvrent lors des érections. En outre, ils sont ultra sensibles avec 8000 terminaisons nerveuses appelées aussi corpuscules de la volupté réparties sur une toute petite surface pour celui du clitoris, ce qui fait de lui la partie la plus sensible du corps humain, et 4000 à 6000 pour le pénis.

La grande différence entre les deux est que le clitoris est le seul organe du corps humain à n’avoir qu’une fonction, celle de donner du plaisir, alors que le pénis, avec son orifice au bout du gland, sert aussi à éjaculer et à uriner.

L’autre différence est que l’anatomie et la physiologie du pénis ont fait l’objet de nombreuses publications alors que celles du clitoris sont restées longtemps méconnues. C’est pour cela que j’ai choisi de focaliser mon propos sur le clitoris en particulier. Egalement parce que beaucoup d’hommes en ont une vision simpliste par méconnaissance de l’anatomie féminine et peuvent être maladroits dans leurs caresses.

Et les femmes, n’ayant pas accès à leur intimité qui est enfouie, ont une connaissance partielle des potentialités physiologiques de cet organe. Connu pourtant depuis Hippocrate, le clitoris est constamment passé de l’ombre à la lumière, de l’intérêt à l’oubli au gré des croyances et des rôles qu’on lui prêtait. Comme celui de participer à la fécondation par l’émission d’un liquide appelé cyprine, celui de faciliter la remontée du sperme par les contractions qu’il provoque pendant l’orgasme, ou encore d’être un remède pour soigner certaines maladies en prescrivant la masturbation. Mais, en d’autres temps, il a été aussi condamné au nom des normes morales, sociales et religieuses. Il a été accusé de jouer un rôle dans le déclenchement de crises d’épilepsie, d’hystérie, jusqu’à en prescrire son ablation comme mode de traitement. L’excision n’est donc pas le fait des seules coutumes de certains pays africains.

Les travaux de Freud sur la sexualité ont aussi participé à son désintérêt arguant du fait que la jouissance du clitoris était le fait de femmes immatures handicapées sexuellement car le seul vrai orgasme provenait du vagin. Il faudra attendre 1976 avec le rapport de Shere Hite, célèbre sexologue américaine qui réhabilite le clitoris et le place au centre du plaisir féminin.

Les organes du plaisir

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Puis 20 ans plus tard, les travaux d’Helen O’Connell, urologue, qui a exploré l’anatomie du clitoris et réfuté la célèbre thèse des femmes « clitoridiennes » versus femmes « vaginales ». En effet, elle a montré que cet organe était bien plus grand et complexe qu’on ne le pensait. Il mesure en moyenne entre 8 et 11 cm avec sa partie visible le gland d’environ 2 cm et une grande partie qui se recourbe – le genou – et se scinde en deux longues racines –les bulbes du vestibule- et deux piliers entourant l’urètre et l’entrée du vagin. Le clitoris se prolonge par un ligament suspenseur sur l’os du pubis jusqu’au grand droit de l’abdomen. Elle a démontré qu’il jouait un grand rôle dans l’obtention d’un orgasme coïtal du fait de la stimulation de toute sa partie enfouie lors des mouvements du pénis dans le vagin.

Les travaux des urologues Pierre Foldès (spécialiste de la reconstruction chez les femmes excisées) et Odile Buisson en 2009 et, tout récemment, ceux du Pr Vincent di Marino en 2014, ont confirmé ces résultats et permis de révéler toutes les potentialités physiologiques de cette composante de l’appareil génital féminin.

Mesdames, messieurs, sachez que la pénétration vaginale sans aucune référence au clitoris dans sa partie visible et interne ne peut permettre que l’orgasme ait lieu.

Jannick Achour